Je sculpte ce que j’aurais aimé voir adolescent.
La beauté de l’amour au masculin. Sa force, sa tendresse, sa complicité. Des couples de garçons, un geste tendre, la douceur et le charme d’un visage, un geste amoureux ou plus coquin parfois.
Et aussi l’expression du désir à travers le corps : la ligne d’un cou, la puissance d’un dos musclé, un torse ciselé. Un érotisme suggéré parfois. Cette tendresse au masculin qu’a très bien exprimé l’artiste peintre Steve Walker.
Je tente d’exprimer cette sensualité en 3 dimensions, avec un accent sur les couples. Mes sculptures sont en pierre, en argile et en bronze, et naissent d’un souvenir, d’une pose aperçue, d’un croquis. Parfois la mythologie s’y invite, comme avec Icare, ou une idée plus abstraite ou symbolique, comme la main et son cube. Mon intention est de suggérer ou rappeler une émotion, un moment vécu... Et d'apporter un peu de beauté dans ce monde.
Ma famille abrite quelques artistes. Mon grand père paternel était très proche d’écrivains et artistes engagés et ouverts à la 'différence'. J’avais une admiration silencieuse pour ceux-là et d’autres artistes, leur manière de vivre, la solitude et le calme de leur travail observés durant des visites d’atelier ou leurs expositions.
En tant que jeune gay, poursuivant mes études classiques, et voyageant en Italie, Grèce et Egypte, j’ai développé une appréciation certaine pour la beauté masculine des statues en marbre et bronze de ces maîtres antiques. J’aime aussi la pureté des lignes de Henry Moore, de George Minne. Mais j’ai toujours ressenti fortement l’absence de couples gay en sculpture.
Plus récemment, j’ai travaillé dans le domaine associatif des droits des LGBT, une des occupations les plus passionnantes de ma vie.
Aujourd’hui, je peux partager mon temps entre le paradis tropical des chambres d’hôtes créées avec mon ami, et mon atelier de sculpture qui y est installé à quelques pas. Sur cette belle île de St Martin, c’est naturellement que mes garçons et couples de pierre, de bronze et d’argile y prennent naissance.
Au départ autodidacte, j’ai eu la chance de rencontrer, il y a plus de 10 ans, le grand artiste Patrick Poivre de la Freta, qui a réveillé cette passion endormie depuis l’adolescence. Il m’a encouragé et suivi pendant quelques années, jusqu’à son décès brutal. Depuis, mon esprit est dans mes sculptures tous les jours, et mes mains sont dans l’argile ou sculptent la pierre dès que je peux. J’ai eu la chance aussi de pouvoir suivre quelques ‘master classes’, avec Philippe Faraut (USA) pour les portraits en argile, avec Sonja Mosik (Allemagne) et Brune Somogyi (Paris) pour la sculpture sur pierre.
Le blog ‘Gay Sculpture’ que j’ai lancé en 2013 a comme objectif de montrer une large sélection de sculptures masculines , tant anciennes que contemporaines, ainsi que des portraits de galeries, artistes, expositions, musées, collectionneurs unis autour de cette idée de la beauté du corps de l’homme.